Sunday, April 11, 2010

A Berlin Childhood around 1900

La réflexion sur les pouvoirs magiques de l'enfance s'articule chez Walter Benjamin sur une certaine conception de l'origine. Dans ce que l'enfant comprend pour la première fois, et dans l'importance prophétique, incantatoire, messianique que cette première fois porte en elle,dans ce qu'elle a d'original, Benjamin cherche à signaler une responsabilité propre à cette époque de la vie qu'est l'enfance. C'est bien le temps de l'écriture, le temps de l'adulte qui se sert du langage pour décrire ces souvenirs d'enfance ; mais les systèmes métaphoriques, allégoriques, parfois compliqués dans leur dialectique, que ces détails d'enfance engendrent dans l'écriture, renvoient en effet à un temps plus lointain, plus éloigné que le temps de l'écriture ; il a fallu du temps, de la répétition pour que l'enfant devenu adulte en arrive à se souvenir et à donner à ces souvenirs des figures pareilles ; et c'est l'origine de ce temps, l'absence de répétition, qui caractérise l'expérience du monde pour l'enfant : c'est donc presque le seul temps où l'appréhension de la vérité touche à la divination : tout le reste est retour. Le moment où un phénomène d'importance vitale, comme la conception du maître et de l'esclave ou la découverte des mécanismes propres à la technologie, se pose pour la première fois dans une vie, la valeur d'originalité, donc d'invention que revêt le souvenir en question rend plus difficile et plus fragile sa quête ; on aurait tôt fait d'explorer de grands souvenirs, emblématiques et remplis de signification. Benjamin qui a raboté A Berlin Chronicle pour aboutir à une forme plus lapidaire, fragmentaire et inventoriée, cherche aussi à montrer la rareté, presque la magie qui entoure ces souvenirs-là, par ce qu'ils ont d'arbitraire et de labyrinthique.

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